Hommage à Ibrahim Kaypakkaya
Ibrahim Kaypakkaya nous a quitté il y a maintenant 44 ans, assassiné par les forces armées de l’État réactionnaire turc. Ibrahim Kaypakkaya a été le fondateur du TKP/ML (Parti Communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste) et de sa branche armée la TIKKO (Armée Ouvrière et Paysanne de Libération de Turquie). Il représenta en Turquie, la ligne rouge du mouvement communiste ayant rompu avec les révisionnistes, il fut l’initiateur de la Guerre Populaire Prolongée en Turquie. Ibrahim Kaypakkaya a laissé des contributions immortelles au peuple de Turquie pour avancer vers la Révolution de Nouvelle Démocratie puis le socialisme. Les services de renseignement turcs eux-mêmes ont vu dans Kaypakkaya la plus grande menace révolutionnaire, ainsi dans un rapport officiel du MIT (L’Organisation nationale du renseignement) de 1973, il est noté :
« A l’intérieur du mouvement communiste en Turquie, les idées d’Ibrahim Kaypakkaya sont les plus dangereuses. Les vues qu’il présente dans ses écrits et les méthodes de lutte qu’il prône sont, nous pouvons le dire sans hésitations, l’application du communisme révolutionnaire à la Turquie. »
Une vie au service du peuple
Ibrahim Kaypakkaya est né en 1949 dans le village de Karakaya. Il est le fils d’une famille de paysans. C’est lorsqu’il fut étudiant dans les années 1960 qu’il se familiarisa avec les idées progressistes. Très bon élève, il réussit avec succès le concours d’entrée à l’IUFM de Capa et à l’université de physique d’Istanbul en 1965, une année où la résistance étudiante battait son plein en Turquie.
Rapidement après être devenu étudiant, il rejoint la FKF (Fédération des Clubs d’Idée) fondée en 1965, une organisation progressiste anti-impérialiste composée de plusieurs tendances. Il ouvrira une section de la FKF à Capa avec des camarades à lui en 1967. Au sein de la FKF il mena une lutte contre le révisionnisme de la direction, il s’opposa au réformisme qu’on y trouvait pour soutenir la ligne de la révolution démocratique nationale.
A partir de 1969, il s’éloigne de l’université pour mener des luttes avec les ouvriers et les paysans et faire connaître en leur sein les idées marxiste-léninistes. La Turquie connu d’importantes luttes des travailleurs en 1970, la plus importante fut celle du 15 et 16 juin 1970 et fut réprimée par les chars et les canons. Cette lutte constitue une leçon importante sur les conditions objectives de la révolution en Turquie pour Kaypakkaya, il dit de cette lutte qu’elle est « la preuve que les conditions objectives de la révolution sont devenues matures en Turquie. »
C’est par ailleurs en 1970 qu’il devient membre du TIIKP (Parti Révolutionnaire Ouvrier et Paysan de Turquie) qui prétend se réclamer du marxisme-léninisme et de la pensée Mao Zedong mais qui comprend d’importantes déviations de droite.
En mars 1971 la loi martiale est déclarée avec la prise de contrôle militaire du gouvernement. Cette loi martiale est le résultat du développement des luttes populaires en Turquie. C’est dans ce contexte qu’Ibrahim Kaypakkaya affirme la nécessité de déclencher la Guerre Populaire Prolongée en Turquie. Au niveau international, cela se déroule pendant la Grande Révolution Culturelle et Prolétarienne en Chine, au moment le plus intense de la lutte de libération nationale au Vietnam et après les mouvements de masse dans les grands pays impérialistes dans les années 1968 et 1969 (France, Italie, Allemagne, Etats-Unis, Japon…).
Kaypakkaya écrivit ainsi : « La lutte sans cesse croissante de notre courageuse classe ouvrière, de nos paysans altruistes et de nos vaillants jeunes, les livres marxiste-léninistes de plus en plus répandus, les effets de l’ébranlement mondial que fût la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne qui prit place en Chine sous le commandement de Mao, tout cela préparait les augures d’un environnement à l’intérieur duquel un jeune mouvement communiste allait émerger dans notre pays pour mener la lutte des masses. »
Le TIIKP prétendait s’être saisi du marxisme-léninisme et des apports de Mao Zedong mais dans la pratique, il n’en était rien. Ses thèses fondamentales menaient au pacifisme. Kaypakkaya mena la lutte de lignes au sein de l’organisation jusqu’à son paroxysme avant de se séparer de cette organisation pour fonder un Parti Communiste sur des bases justes, des bases révolutionnaires opposées au révisionnisme, au réformisme et au chauvinisme. C’est la fondation du TKP/ML (Parti Communiste de Turquie/Marxiste-Léniniste) le 24 avril 1972 sous la direction d’Ibrahim Kaypakkaya. Cette rupture avec les révisionnistes du TIIKP et de sa direction bourgeoise fut essentielle. Elle permit d’affirmer le caractère principal de l’activité dans les régions paysannes par rapport à l’activité dans les grandes villes, elle permit aussi d’affirmer la lutte armée et les activités illégales comme principales par rapport à la lutte non-armée et aux activités légales.
Ibrahim Kaypakkaya a suivi les thèses de Mao sur les trois instruments pour faire la révolution : le Parti, comme état-major du prolétariat, l’armée populaire et le front uni. Ainsi quelques mois après la fondation du TKP/ML, suit la fondation de la TIKKO (Armée Ouvrière et Paysanne de Libération de la Turquie) pour mener la Guerre Populaire Prolongée en Turquie.
En 1973, alors qu’Ibrahim Kaypakkaya et ses camarades menaient des activités dans la région de Dersim, ils furent traqués. A cause d’une dénonciation, leur refuge fut découvert et attaqué par des gendarmes le 24 janvier 1973. Ibrahim Kaypakkaya fut blessé mais arriva à s’échapper, il resta par la suite cinq nuits de suite à se cacher dans une grotte mais fut dénoncé par un villageois après avoir demandé de l’aide.
Il passa plus de trois mois à être interrogé et torturé, plusieurs de ses membres furent amputés. N’arrivant rien à tirer de lui, l’ennemi l’exécuta le 18 mai 1973. Ibrahim Kaypakkaya est parti en suivant le principe qu’un révolutionnaire donne sa vie mais pas ses secrets.
Ibrahim Kaypakkaya sur la lutte armée
Ibrahim Kaypakkaya dans sa critique du TIIKP (Les Racines et le développement de nos différences avec le révisionnisme de Safak : une critique générale du TIIKP, juin 1972) a critiqué avec précision et justesse les thèses révisionnistes de Safak sur la question de la lutte armée. Ces thèses sont, sans étonnement, des thèses que l’on entend encore très largement aujourd’hui chez nos révisionnistes contemporains, chez tous ceux s’opposant à la stratégie de la Guerre Populaire Prolongée. Ainsi, l’analyse et la réfutation de ces thèses par Ibrahim Kaypakkaya méritent d’être étudiées par chaque communistes à travers le monde.
Les thèses des révisionnistes de Safak ont condamné à l’époque le mouvement révolutionnaire au pacifisme, au légalisme et à l’attentisme. C’est pour toutes ces raisons que Kaypakkaya a rompu avec le TIIKP pour fonder un Parti véritablement marxiste-léniniste, un Parti ayant compris les contributions de Mao Zedong au marxisme-léninisme, un Parti capable de mener la révolution.
Voyons quelques-unes des thèses révisionnistes sur la lutte armée que Kaypakkaya s’est attaché à rejeter :
Premièrement les révisionnistes Safak avaient comme politique organisationnelle d’organiser les paysans et ouvriers dans des groupes d’étude. Groupes se réunissant autour de sessions d’étude du journal et éloignant toujours plus les masses de la question de la lutte armée en plus d’être une structure très vulnérable à la répression. Les révisionnistes avaient ainsi fait d’un prérequis à la participation à la lutte armée, d’avoir d’abord bien étudié le marxisme-léninisme au sein de groupes d’étude, empêchant ainsi nombre de paysans plein de haine de classe pour l’ennemi de se joindre à la lutte armée. De même cette position partait de l’idée absurde que quelqu’un qui serait bon dans l’étude théorique du marxisme-léninisme serait naturellement bon pour mener la lutte armée. Ces considérations erronées n’étaient rien d’autres que l’expression d’une ligne révisionniste petite-bourgeoise pacifiste.
En opposition, à cette ligne erronée qui prétend représenter un « travail de masse révolutionnaire », Kaypakkaya développe ce que doit être la pratique juste des marxiste-léninistes dans le travail de masse révolutionnaire :
« La politique des marxiste-léninistes sur comment s’organiser au sein des paysans est claire : Organiser un comité de parti dans chaque village. Dans chaque village, organiser des contingents armés, à savoir la milice paysanne, à partir des rangs des paysans pauvres révolutionnaires, connectés ou non au parti, qui continuent à s’engager dans la production. Organiser à partir des rangs de ceux connectés au Parti des unités de tâche spéciale et des cellules liées au comité de village du Parti. En plus de cela, organiser des unités de guérillas professionnelles connectées au comité régional du Parti indépendamment de la structure du village. Le but de tout ce travail d’organisation est de construire le Parti et les forces populaires armées au sein des travailleurs agricoles et des paysans pauvres. La construction du Parti ne prendra pas place pacifiquement mais dans le cours de la lutte armée. Et la clé pour l’organisation du Parti pour saisir comment organiser les paysans est d’organiser des unités de guérilla et des milices de village. » (Les Racines et le développement de nos différences avec le révisionnisme de Safak : une critique générale du TIIKP, juin 1972. De même pour tous les extraits de cette partie)
Deuxièmement les révisionnistes Safak mettent comme prérequis à la lutte armée, la condition que le Parti doit être développé à une échelle nationale et capable de diriger l’ensemble des masses. Les révisionnistes Safak prétendent que la lutte armée ne peut être déclenchée que sur l’ensemble du territoire à partir d’un mouvement paysan soutenu par les villes. Les révisionnistes prétendent qu’un pouvoir rouge ne peut naître que si un mouvement paysan d’ampleur national est d’abord uni derrière un Parti lui aussi développé partout dans le pays.
Cette conception de la lutte armée est la manifestation de thèses droitières et révisionnistes qui sont incapables de comprendre le développement dialectique du Parti et de la Guerre Populaire.
Voici ce que Kaypakkaya répond aux révisionnistes Safak :
« Pour l’émergence d’une zone de base rouge, les révisionnistes n’estiment pas qu’il est nécessaire d’avoir une activité de guérilla prolongée se développant du petit vers le large, du faible vers le fort, du simple vers le complexe ; au sein de cette activité de construire une armée populaire étape par étape, de développer des unités de guérilla vers des unités d’armée régulière ; et de transformer la guerre de guérilla en guerre de mouvement. En fait, ils ne pensent même pas à cela. Ils exigent une révolte paysanne généralisée pour l’émergence d’une base rouge dans cette région. […] Par conséquent, faites attention – les paysans ne devraient pas essayer de se révolter et nous ne devrions pas essayer d’organiser une telle révolte non plus, etc. »
« S’organiser sur la base de la lutte pacifique est une organisation creuse. Même si une organisation de ce type en venait à embrasser l’ensemble du pays, elle ne serait pas capable de diriger la lutte du peuple, de mener la lutte armée, et dans une période de terreur blanche grimpante, elle s’effondrerait comme un château de cartes… »
Troisièmement, les révisionnistes affirment qu’on ne peut pas lancer la lutte armée sans que les masses entières y soient préparées. Incapable de comprendre le développement inégal de la révolution, les révisionnistes s’enferment dans des théories idéalistes que Kaypakkaya résume ainsi : « Dans le but de lancer la lutte armée, les révisionnistes Safak exigent que toute la prairie soit sèche. ». Kaypakkaya poursuit en montrant qu’une ligne aussi erronée amène dans le travail de masse à se mettre à la traîne et ne se concentrer que sur les sections les plus reculées des paysans plutôt que diriger les luttes des paysans les plus avancés.
Quatrièmement, les révisionnistes opposent artificiellement lutte politique et lutte armée. Les révisionnistes Safak accusent Kaypakkaya d’avoir un point de vue purement militaire car il place l’unité de guérilla au centre de la lutte politique. Incapables de comprendre la forme armée de la lutte politique et la lutte armée comme forme principale de la lutte, les révisionnistes rejettent complètement l’idée même de lutte armée qu’ils renvoient toujours aux calendes grecques. Le point de vue purement militaire s’engage dans l’activité de combattre seulement pour combattre, ce qui est totalement différent de l’emploi de la lutte armée pour accomplir des tâches politiques.
Ibrahim Kaypakkaya est très clair quant au fait que la lutte armée ne s’oppose pas à l’agitation et à la propagande :
« Dans notre pays aussi, les unités de guérilla qui formeront l’embryon de l’armée populaire ne se satisferont pas de juste combattre. Au même moment elles auront des tâches importantes telles que conduire l’agitation et la propagande parmi les masses, les organiser et les armer. Comme ces messieurs considèrent la lutte politique comme l’opposée de la lutte armée et la lutte politique comme étant simplement une activité de maison d’édition, ils nous accusent de rejeter le travail politique, de rejeter l’agitation et la propagande et le travail de masse. En réalité, ils ne reconnaissent eux-mêmes que les formes pacifiques de l’agitation et la propagande et de la lutte politique. Ils rejettent les formes armées de la lutte politique et de l’agitation et la propagande. »
« Le kémalisme, c’est le fascisme »
Ibrahim Kaypakkaya a été le premier à définir scientifiquement correctement le caractère de classe de l’idéologie kémaliste. Il a balayé toutes les analyses erronées et opportunistes voyant le kémalisme comme un mouvement en partie progressiste et comme étant la manifestation de la petite-bourgeoisie nationaliste ou encore de la bourgeoisie nationale. Il a clairement montré que le kémalisme est une idéologie de la bourgeoisie compradore et que si elle s’oppose à la domination coloniale directe, en même temps elle concourt au maintien de la structure semi-coloniale et semi-féodale du pays. En ce sens il a montré l’absurdité de ceux qui font de Mustafa Kemal (Atatürk), un Sun Yat-Sen turc, Ibrahim Kaypakkaya démontre clairement que Kemal serait plutôt l’équivalent de Tchang Kai-Chek.
Voyons ce que dit Kaypakkaya à propos du kémalisme :
« Les réalités de la Turquie nous disent que :
Le kémalisme signifie l’anti-communisme fanatique. Les kémalistes ont brutalement noyé Mustafa Suphi [Note : le premier président du Parti Communiste de Turquie] et 14 de ses camarades. Ils ont écrasé sans merci le TKP (Parti Communiste de Turquie) après la mort de M. Suphi, bien que le parti ne méritait pas ce nom. Ce que les tribunaux fascistes pro-américains de la loi martiale font aujourd’hui, les kémalistes l’ont fait de nombreuses fois. Tous les deux ans, assez souvent au moins une fois par an, il y a des tournées générales, avec des centaines de torturés et laissés à pourrir dans les commissariats et les prisons. Lorsque cela convenait à leurs intérêts ils ont flatté l’Union Soviétique, le reste du temps ils ont nourris une animosité féroce et insidieuse contre celle-ci.
Le kémalisme signifie la répression violente et sanglante de la lutte de classe des masses ouvrières et paysannes, de la petite-bourgeoisie urbaine et la surveillance des serviteurs publics. Le kémalisme signifie pour les ouvriers les baïonnettes et les coups de feu, les matraques et les coups de crosse, les tribunaux et la prison, l’interdiction des grèves et des syndicats. Pour les paysans, cela signifie la tyrannie des propriétaires terriens, les tabassages par les gendarmes, les tribunaux, la prison et l’interdiction de toute organisation. Tous les camarades doivent se souvenir des exemples donnés par le camarade Schnurov sur comment les travailleurs de la ligne de train Adana-Nusaybin ont été fusillés.
Le kémalisme est une chaîne attachée à toutes formes d’idées progressistes et démocratiques. Toute activité de publication qui ne fait pas l’éloge du kémalisme est bannie. Dans le futur, la simple possibilité qu’un article puisse émerger contre le gouvernement kémaliste sera une raison suffisante pour que la publication soit fermée. Une « loi martiale » sans fin terrorise le pays avec chaque proclamation durant pour des années. Le parlement est un jouet dans les pays d’une petite clique d’administrateurs à la tête du CHP (Parti républicain du peuple) et de leur président inchangé M. Kemal. La Constitution et toutes les lois en sont de même, bien qu’en réalité ce soit l’armée qui dirige le pays.
Le kémalisme signifie l’incitation du chauvinisme turc dans toutes les sphères, l’implantation d’une oppression nationale sans merci contre les minorités nationales, la turquisation forcée et les massacres.
Le principe de « Complète indépendance » du kémalisme signifie consentir de bon cœur aux conditions semi-coloniales.
Une Turquie kémaliste est une Turquie semi-coloniale. Le gouvernement kémaliste signifie un gouvernement collaborationniste qui était initialement un laquais de l’impérialisme britannique et français et par la suite de l’impérialisme allemand. Comme Schnurov l’a démontré, la fraternité de classe des kémalistes avec les impérialistes fut plus forte que leurs animosités nationales. »
« Toutes ces réalités illustrent clairement le caractère de classe du kémalisme, l’idéologie de quelle classe il est : le kémalisme est l’idéologie de l’aile droite de la grande bourgeoisie comprador turque et de la bourgeoisie moyenne. » « La dictature kémaliste était une dictature militaire fasciste. »
(Les Thèses du Révisionnisme de Safak concernant le mouvement kémaliste, la période du gouvernement kémaliste, les années de la seconde guerre mondiale, l’après-guerre et le 27 mai, janvier 1972)
Le soutien à la lutte de libération nationale kurde
Dans son texte La Question nationale en Turquie (décembre 1971), Ibrahim Kaypakkaya a démontré le contenu démocratique du mouvement national kurde. Il a montré la nécessité absolue pour les communistes de soutenir le droit à l’autodétermination de la nation kurde. Il a montré la nécessaire lutte contre le chauvinisme turc propagé par la classe dominante et qui affecte aussi le prolétariat turc.
Voici la conclusion brillante d’Ibrahim Kaypakkaya sur la lutte de libération nationale kurde :
« Le mouvement marxiste-léniniste est aujourd’hui l’ennemi le plus implacable et le plus déterminé de l’oppression nationale infligée à la nation Kurde et aux nationalités minoritaires par les classes dirigeantes turques, et est à la pointe des luttes contre l’oppression nationale, la persécution des autres langues et des préjugés nationaux. Le mouvement marxiste-léniniste soutient inconditionnellement, et a toujours soutenu, le droit à l’autodétermination de la nation Kurde, opprimée par la bourgeoisie et les propriétaires Turcs, c’est-à-dire son droit à faire sécession et à créer un État indépendant. En ce qui concerne le droit de fonder un état, aussi, le mouvement marxiste-léniniste est opposé aux privilèges. Les principes les plus fondamentaux de la démocratie populaire rendent cela absolument nécessaire. L’oppression nationale sans précédent infligée aux nationalités minoritaires en Turquie par la bourgeoisie et les propriétaires turcs rend également cela impératif. Cela est dans le même temps rendu absolument nécessaires par la lutte pour la liberté des travailleurs et des ouvriers Turcs, car, s’ils ne démolissent pas le nationalisme turc, la libération sera impossible pour eux.
[…]
Le mouvement marxiste-léniniste soutient la lutte des nationalités opprimées en général et la nation Kurde en particulier contre l’oppression nationale, la persécution et le privilège, et soutient totalement le contenu démocratique général du mouvement national de la nation opprimée.
Le mouvement marxiste-léniniste dirige et administre la lutte de classe du prolétariat et des travailleurs Kurdes contre les bourgeois et les petits propriétaires qui composent la direction du mouvement national Kurde également. Elle met en garde les travailleurs et les ouvriers Kurdes contre les actions de la bourgeoisie et des propriétaires Kurdes qui vise à consolider le nationalisme. Le mouvement marxiste-léniniste reste indifférent au sujet des luttes pour la suprématie des bourgeois et des propriétaires des classes de différentes nationalités.
Le mouvement marxiste-léniniste mène une lutte contre les efforts des propriétaires, des mollahs, des cheikhs etc. de concilier la lutte contre l’oppression nationale avec leurs tentatives pour renforcer leurs propres positions. » (La Question nationale en Turquie, décembre 1971)
Réaliser la Révolution de Nouvelle Démocratie avec la Guerre Populaire Prolongée
Ibrahim Kaypakkaya a donc armé le prolétariat de Turquie de son arme la plus puissante : la TKP/ML, le Parti communiste basé sur le marxisme-léninisme-maoïsme capable de mener la Révolution de Nouvelle Démocratie jusqu’au bout, car armé de la stratégie de la Guerre Populaire Prolongée adaptée aux conditions de la Turquie.
Les enseignements d’Ibrahim Kaypakkaya sont un héritage précieux et immortel pour le peuple de Turquie dans la lutte pour sa libération. Ce sont des enseignements que tous les communistes doivent assimiler pour poursuivre dans la voie révolutionnaire.
Le caractère de la Turquie n’a pas changé aujourd’hui, celle-ci reste un Etat semi-colonial semi-féodal. Les thèses de Kaypakkaya représentent ainsi la forme la plus développée de la conscience de classe en Turquie.
Aujourd’hui encore le TKP/ML et la TIKKO vivent et se battent, avançant sans relâche sur la voie de la Guerre Populaire, et montrant ainsi l’exemple aux peuples opprimés du monde entier de la lutte à mener pour abattre l’impérialisme, le capitalisme bureaucratique et le féodalisme.
L’année dernière, 12 combattantes et combattants de la TIKKO sont tombés en martyr. Nous voulons rendre le plus grand hommage possible à ces héros révolutionnaires qui ont montré la plus haute forme d’engagement, celle dans la lutte armée. Les héros de la révolution sont immortels. Leur exemple éclaire le chemin que doit suivre chaque communiste, l’engagement et le sacrifice pour la révolution.
Aujourd’hui, nous saluons le Parti d’Ibrahim Kaypakkaya, le TKP/ML et sa branche armée la TIKKO. Nous saluons tous les révolutionnaires tombés sur le chemin de la Révolution de Nouvelle Démocratie dans la lutte contre l’impérialisme et l’État fasciste turc.
Les enseignements d’Ibrahim Kaypakkaya sont immortels !
Vive le TKP/ML ! Vive la TIKKO !
Vive le marxisme-léninisme-maoïsme !
Vive la Guerre Populaire Prolongée !
Vive la Révolution Prolétarienne Mondiale !
Source : http://www.pcmaoiste.org/communique/hommage-a-ibrahim-kaypakkaya/