Les maoïstes appellent le syndicat officiel chinois à défendre les travailleurs
Un groupe maoïste soutenant un mouvement de travailleurs dans la province méridionale du Guangdong a appelé jeudi le syndicat officiel du Parti Communiste Chinois au pouvoir à défendre les droits des travailleurs et à lutter pour la libération des travailleurs et militants détenus.
Yue Xin, diplômée de la prestigieuse université chinoise de Pékin et ancienne militante du mouvement #MeToo, reste injoignable après son arrestation avec des dizaines d’autres personnes le 27 août, a déclaré le Groupe de Solidarité des Travailleurs de Jasic (JWSG) dans une lettre ouverte à la Fédération de Chine des Syndicats (ACFTU), qui tient son congrès annuel à Beijing.
Yue était une figure clé du groupe maoïste, dont certains membres avaient trouvé un emploi à l’usine Jasic Technology de la ville de Shenzhen, dans le Guangdong, pour aider les ouvriers dans leur revendication à former un syndicat indépendant pour les représenter.
Après une descente de police à son siège, Yue aurait été renvoyée dans sa ville natale comme d’autres activistes, mais elle est injoignable depuis et personne ne sait où elle se trouve, a déclaré le JWSG dans une lettre envoyée aux anciens de l’université de Pékin le 16 octobre.
« Yue Xin est injoignable depuis au moins 60 jours », précise la lettre. « Quiconque se soucie de la justice dans notre société, comme nous, devrait être inquiet pour elle ».
Le groupe a également appelé l’ACFTU à soutenir la campagne des travailleurs de Jasic, qui s’était plaint à une section locale du syndicat et avait été licenciée. Les experts syndicaux considèrent depuis longtemps l’ACFTU comme un organe du Parti Communiste Chinois qui soutient le programme du parti.
« Les ouvriers Liu Penghua, Mi Jiuping, Yu Lingcong et Li Zhan, qui avaient tentés de former un syndicat à Jasic, sont détenus depuis près de trois mois… et illégalement privés du droit de voir leurs avocats », on-t-il déclaré. « Le bureau de la justice local a même menacé leurs avocats, affirmant que leurs licences seraient révoquées s’ils continuaient à les défendre. »
Les quatre hommes ont tous été placés en détention en ville par la police le 3 septembre, à la suite de leur première détention à l’usine le 27 juillet.
La lettre indiquait que les travailleurs de Jasic se plaignaient depuis longtemps de violations du droit du travail, notamment de licenciements illégaux et de retenues sur les salaires, mais que la branche locale de l’ACFTU n’avait rien fait.
« Une fourmi qui peut être piétinée à tout moment »
Ils ont finalement mis en place un syndicat indépendant, mais ont été battus et plus tard placés en détention pour cause de troubles.
« Aux yeux des [employeurs comme Jasic], la dignité des travailleurs peut être bafouée et leurs droits peuvent être ignorés. Un ouvrier est comme une fourmi qui peut être piétinée à tout moment », indique la lettre.
Le site Internet de Civil Rights et Livelihood Watch a déclaré qu’il protestait vivement contre ce qui est appelé comme une « disparition forcée » de Yue Xin aux mains du gouvernement.
Li Qiang, du groupe China Labor Watch basé à New York, est d’accord.
« Cela a créé un climat de peur et d’incertitude accrue en Chine », a-t-il déclaré. « En fait, Yue Xin est une étudiante qui faisait seulement ce que le Parti Communiste Chinois lui avait dit de faire pour défendre les travailleurs. »
Plus de 40 ans après sa mort, à l’âge de 82 ans, le dirigeant suprême décédé Mao Zedong continue de poser un dilemme politique au Parti Communiste Chinois au pouvoir.
Alors qu’il révérait Mao en tant que dirigeant fondateur de la République Populaire le 1er octobre 1949, le parti a été contraint de conclure publiquement que le dirigeant avait commis de « graves erreurs politiques ».
Des statues de Mao financées localement ont été démolies ces dernières années, reflétant l’inquiétude des autorités quant à l’utilisation potentielle de l’image du Grand Timonier par des millions de pauvres et de dépossédés de Chine, y compris par l’armée de pétitionnaires du pays, dont beaucoup ont perdu leurs terres ou leurs maisons à cause du développement soutenu par le gouvernement.
Les censeurs du gouvernement faisaient fermé un certain nombre de sites internet maoïstes ces dernières années, tout en leur permettant de les rouvrir après des événements sensibles sur le plan politique.
Source : http://thenextfront.com/maoists-call-on-chinas-official-union-to-stand-up-for-workers/