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Intervention de Redspark sur la question de la validité actuelle de la Révolution d’Octobre.

Les 23 et 24 septembre, l’ILPS, PRISMM et le NDFP ont organisé un événement à Amsterdam pour commémorer la Révolution d’Octobre. Au nom de la rédaction de Redspark, Christophe Kistler est intervenu sur la question de la validité de la continuation de la Révolution d’Octobre.

I. Que nous enseigne la Révolution d’Octobre et les autres expériences révolutionnaires dans le monde ?

Nous avons 3 expériences de ce que Samir Amin a appelé « les révolutions historiques mondiales« , ce sont : la Commune de Paris ; la Révolution d’Octobre ; la Révolution Chinoise À ceux-là, nous pouvons ajouter les expériences des grandes guerres populaires en Inde, aux Philippines, en Turquie, au Pérou et au Népal. Ces expériences ne sont pas seulement des histoires dans l’Histoire, mais une histoire critique que nous pouvons partager avec nos camarades. Ils ont et continuent d’influencer la vie de milliards de personnes à travers le monde.

Alors que certaines personnes parlent de la nécessité d’un «socialisme du 21ème siècle», voire d’un «socialisme 2.0», qui serait en rupture avec ces expériences, nous, en tant que marxistes-léninistes-maoïstes, croyons l’opposé – que nous devons faire un nouveau retour (J. Moufawad-Paul) aux enseignements de Marx, d’ Engels, de Lénine, de Staline et de Mao pour préparer le terrain aux révolutions autour du monde, particulièrement ici dans le ventre de la bête impérialiste.

Ainsi, la question de ce qui est particulier dans toutes ces expériences, et de ce qui est universel doit être résolue. Une étude judicieuse de ces révolutions nous montre que les 2 aspects suivants peuvent être trouvés dans toutes les révolutions victorieuses :

  •  Un caractère prolongé. La Révolution n’est pas un événement qui se produirait en seul jour (ou, comme le disent les anarchistes français, en «un grand soir»), quand les masses décideraient spontanément de se lever. La Révolution est un processus qui dure longtemps – parfois des années, parfois des décennies. En Russie, Lénine a analysé que la Révolution d’Octobre était une continuation de l’insurrection échouée de 1905, qui était elle-même la continuation du mouvement ouvrier de la fin du 19ème siècle en Russie. Ainsi, jusqu’à l’insurrection finale, la Révolution s’est développée sur plusieurs décennies. De même, aujourd’hui, les révolutions en Inde et aux Philippines progressent et se développent à travers des décennies de luttes.
  • La bourgeoisie n’abandonnera pas. Au fur et à mesure que la révolution avance, la bourgeoisie se sentira de plus en plus menacée et, par conséquent, augmentera sa répression envers la Révolution. L’illusion d’une transition pacifique vers le socialisme est une idée dangereuse qui a coûté la vie à des millions de camarades en Indonésie et au Chili. Les révisionnistes modernes continuent de maintenir cette illusion, se présentant de manière opportuniste aux élections, qu’ils présentent honteusement comme une «ligne de masse».

II. Quelle est la forme du Parti ?

Toutes les expériences nous montrent que la Révolution exige un Parti d’avant-garde de cadres, construit concentriquement et militarisé, travaillant à la fois clandestinement et de manière légal à travers ses organisations de masse, avec un centralisme démocratique et une discipline de fer.

Cette déclaration a besoin d’explications supplémentaires. À quoi ressemblent ces mots techniques dans la pratique ?

  • Un Parti d’avant-garde de cadres, ou comme l’a appelé Lénine: «l’avant-garde éclairée du prolétariat», signifie que le Parti n’est pas un Parti auquel le premier venu peut adhérer. C’est un parti composé des meilleurs éléments des classes laborieuses, qui ont un rôle dans la direction du mouvement ouvrier.
  • Un parti construit de façon concentrique, signifie que le Parti se construit à travers ce que Mao Zedong a appelé les «Trois instruments magiques de la Révolution», à savoir: le Parti, l’Armée et le Front. Ce point est lié au précédent : la recrue potentielle est d’abord organisée dans le Front (ou l’Armée), où elle reçoit une formation appropriée et a l’opportunité de développer sa pratique, et, si elle ne vient pas du prolétariat, elle se remodèle soi-même pour intérioriser un point de vue de classe prolétarien en commettant un suicide de classe (Huey P. Newton).
  • Un parti militarisé. Le Parti est orienté vers le renversement de la société, et donc vers la violence révolutionnaire, et exige ainsi que ses membres travaillent et fonctionnent de manière militaire – qu’ils soient tous bien entraînés pour des actions illégales et prêts à se sacrifier pour la cause du peuple.
  • Un Parti clandestin et un Front visible. Cela signifie que le Parti ne devrait pas travailler ouvertement, voire pire : révéler publiquement ses membres (à l’exception de certains porte-parole sélectionnés) ou son organisation interne. Le Front devrait travailler et recruter largement parmi les masses, mais ne pas révéler sa relation structurelle avec le Parti.
  • Le centralisme démocratique. Le concept de centralisme démocratique s’oppose à la fois à l’ultra-démocratisme que les anarchistes prétendent suivre, ce qui en réalité conduit à l’effondrement des organisations, mais s’oppose aussi à l’ultra-centralisme comme les organisations autoritaires qui conduisent à des décisions subjectives détachées des préoccupations et des besoins du peuple. Cela ne signifie pas que le Parti doit faire taire les contradictions – plutôt le contraire – le Parti doit encourager la critique intérieure. Mao Zedong l’a décrit comme « Critique à l’intérieur, Unité à l’extérieur« .
  • Une discipline de fer. Les décisions du Parti doivent être appliquées par et pour tous ses membres. Ce n’est pas seulement une garantie de démocratie au sein du Parti, mais aussi un moyen de renforcer son unité.

III. La guerre populaire est aujourd’hui le chemin de la révolution

Avec le développement de la théorie marxiste, nous pouvons dire aujourd’hui que le chemin de la Révolution est celui de la guerre populaire prolongée. Ici, nous devons également expliquer ce concept, qui est souvent utilisé par différents camarades pour représenter différentes choses.

La Guerre Populaire est une stratégie universelle, ce qui signifie qu’elle est applicable partout, avec des caractéristiques spécifiques dans chaque pays. Quand nous parlons de cette théorie, nous ne nous basons pas seulement sur l’expérience chinoise, mais aussi sur les écrits de théoriciens tels que Gramsci et Mariategui, qui vivaient dans des pays aux conditions matérielles totalement différentes de la Chine semi-coloniale/semi-féodale pré-révolutionnaire. Ainsi, la Guerre Populaire n’est pas une stratégie uniquement adaptée à la Chine.

La Guerre Populaire est une stratégie qui vise à élever le niveau de conscience des masses, tout en approfondissant leur compréhension de la nécessité de la violence révolutionnaire. Cela se traduit par la formation d’organisations clandestines exerçant un travail semi-légal ou illégal, à tous les niveaux de la société: dans les usines, dans les quartiers ouvriers, dans les luttes des femmes, etc …

Est-ce que cela signifie que les camarades qui prônent la guerre populaire dans les pays impérialistes appellent à prendre immédiatement les armes et à commencer à tirer sur la bourgeoisie et les flics à vue ? Bien sûr que non. Cela signifie qu’à mesure que la révolution avance, la répression devient plus forte et la structure et le travail du Parti doivent être orientés vers la prise en compte que le Parti sera, tôt ou tard, rendu illégal et confronté à la plus forte répression (comme nous l’avons vu en Indonésie, au Chili, ou plus proche de nous : en Italie, en Espagne …). C’est un pas inévitable vers la révolution.

IV. Conclusion

La Révolution d’Octobre a dessiné une feuille de route vers la Révolution, grâce au génie de Lénine et de Staline, basé sur les enseignements de Marx, d’Engels et de la Commune de Paris. Aujourd’hui, 100 ans plus tard, plusieurs autres révolutions ont ébranlé le monde, certaines sont encore en cours, et la synthèse de toutes ces expériences a formé une idéologie connue aujourd’hui sous le nom de marxisme-léninisme-maoïsme (ou MLM). L’étude de la Révolution d’Octobre signifie étudier MLM.

Grâce à ces expériences, nous avons aujourd’hui une théorie applicable universellement et qui peut nous conduire à la Révolution. A nous de l’appliquer correctement aujourd’hui en tenant compte de la particularité de nos conditions matérielles locales.

VIVE LE MARXISME-LENINISME-MAOISME !

LA RÉVOLUTION D’OCTOBRE A PAVÉ LE CHEMIN DE LA GUERRE POPULAIRE !

VIVE LES GUERRES POPULAIRES EN INDE, AUX PHILIPPINES ET EN TURQUIE !

GUERRE POPULAIRE JUSQU’AU COMMUNISME !